Actualité des spéléologues du GIPEK

SITUATION DE L’AMONT

Commune de Longchaumois, hameau d’Orcières – X : 874,020 Y : 2167,450 Z : 783 m

SITUATION DE L’AVAL

Commune Saint-Claude, hameau de Noire combe – X : 873,100 Y : 2167,775 Z : 465 m

Situation du canyon de Pissevieille

INTÉRÊT DU SITE

Topo du canyon de Pissevieille

Le canyon de Pissevieille s’inscrit parmi les sites majeurs de pratique de canyoning sur le Haut-Jura. Sa dénivellation (315 m), son encaissement, son côté esthétique et son enchaînement de tronçons verticaux en font un « spot » régulièrement fréquenté par des pratiquants venus parfois d’assez loin.
Pissevieille faisait d’ailleurs partie des canyons équipés et proposés lors du Rassemblement Inter Fédéral de Canyon qui s’est déroulé du 15 au 18 juin 2017 à Saint-Claude.

LA POLLUTION : ORIGINE ET CONSTATS

Mardi 06 mars 2018 « Le Progrès », hebdomadaire local, publie un petit article où il est question du déversement d’un gros volume de lisier provenant d’une ferme du hameau de La Saugea à Longchaumois. Il est question de 1000 à 1300 m3 évacués de façon massive dans le milieu naturel, le tout s’écoulant vers l’aval par le biais d’un ruisseau contigu à la ferme. À titre de comparaison, ce volume équivaut à celui d’une piscine olympique qui ferait un mètre de profondeur (50 m x 25 x 1). Aux dires de l’agriculteur concerné, la vanne de sa fosse aurait été ouverte suite à un acte de malveillance.
À noter que le petit article du journal fut la seule diffusion dans les médias durant la semaine qui a suivi.

Article de presse sur la pollution

Suite à la lecture de cet article, Claire Mermet-Maréchal et François Jacquier se rendent le mardi 06 mars vers 13 h au pied de la grande cascade à l’aval du canyon.
Dès la descente de voiture l’odeur caractéristique d’un épandage, bien que discrète, se fait sentir. L’odeur est de plus en plus forte à l’approche du cours d’eau, principalement aux abords des zones agitées. Arrivés au pied de la cascade de 55 m, la vasque de réception habituellement vert émeraude est pratiquement noire. Les blocs et la mousse qui bordent le cours d’eau sont recouverts de 5 à 10 cm d’une croûte beige qui rappelle du fumier séché.
Il semble que le plus gros de la vague polluante soit déjà passé et que le débit ait été nettement plus important auparavant pour recouvrir ainsi les berges.
Un peu en aval le cours de la Bienne, ordinairement très clair en cette période de basses eaux et fontes de neige diffuses, laisse apparaître une coloration brunâtre suspecte dans les bassins profonds.
Le Président de la société de pêche, La Biennoise, contacté le jour même fait état d’une coloration marron de la Bienne la veille jusqu’à son confluent avec l’Ain dans la retenue de Coiselet, soit environ 40 kms de cours d’eau impactés.
Le vendredi 09 mars en fin d’après-midi, d’autres constatations sont faites au début de la partie amont du canyon et dans les prés qui précèdent l’encaissement.
L’eau du ruisseau est relativement claire mais avec une teinte jaune particulièrement visible dans les parties plus profondes. Au début du canyon, soit à près de 4 kilomètres du lieu de déversement, sur les berges où le courant est moindre on peut voir des « plages » de fumier frais qui baignent en partie dans le cours d’eau. Compte tenu de l’heure tardive et par manque d’équipements, la partie encaissée du canyon n’a pas été inspectée.
Un peu plus haut en amont, l’affluent à l’origine de la pollution traverse une série de prairies au sud-ouest de Longchaumois. À notre passage le cours d’eau est presque à sec, par contre sur une largeur de 10 à 15 mètres l’herbe est couchée et le sol reste encroûté d’une couche de lisier sec de 5 à 10 cm.
La pluviométrie des jours précédents n’a pas été très importante et la largeur des traces observées laissent penser à un passage massif des effluents.

DÉMARCHES DU COMITE DÉPARTEMENTAL DE SPÉLÉOLOGIE DU JURA

Dès le mardi 06, via les listes de diffusions, le Comité Directeur du CDS-39 ainsi que l’ensemble des licenciés du département sont avertis du problème et des premières observations. Les réactions sont très nombreuses devant l’ampleur de ce désastre. Une grave atteinte au milieu naturel qui dégrade un site de pratique mais qui risque surtout d’être fatal à tout un écosystème sensible qui peuple cette gorge.
Après consultation par courriers électroniques l’ensemble du Comité Directeur se dit favorable à un dépôt de plainte. Le CDS-39 est titulaire d’un « Agrément Environnement », cette démarche est donc parfaitement en adéquation avec ses prérogatives.
D’autres plaintes ont ou vont être déposées : Commune, Parc du Ht-Jura, société de pêche. Ce document est susceptible de connaître quelques modifications suite aux reconnaissances et observations qui pourront être réalisées ultérieurement dans les parties encaissées du canyon. Ces incursions devraient permettre d’une part d’avoir une idée plus précise sur la dégradation du site dans son aspect sportif et d’autre part de mesurer l’impact de cette pollution sur la biodiversité et plus particulièrement sur la faune aquatique qui peuple ce type d’environnement très particulier.

Étendue de la pollution